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Changer le récit autour du leadership des femmes

Dernière mise à jour : 9 mai

avec Barbara Sessa, Directrice Produit Europe de Mastercard


Dans cet épisode du Pouvoir au féminin, j’échange avec Barbara Sessa. Après plusieurs expériences professionnelles dans le marketing, elle intègre Mastercard en 2008 comme directrice comptes clients puis comme directrice produit grand public Europe en 2020. 

Aujourd’hui, elle dirige et supervise le développement de produits innovants dans le milieu de la tech et de l’argent. Un milieu encore très masculin dans lequel elle souhaite que plus de femmes la rejoignent. Barbara est en effet très impliquée sur le sujet des femmes en entreprise, notamment en tant que responsable du réseau des femmes Mastercard Women Leadership Network. Elle est également mentor de plusieurs femmes dans le domaine de la transformation digitale et des innovations marketing. 


Son ambition ? Construire un monde inclusif dans lequel les femmes peuvent s'épanouir professionnellement et devenir actrices du succès de l'entreprise. Tout un programme pour lequel elle organise des événements inter-entreprises et collabore avec différents réseaux sur l'éducation financière des femmes. 


Dans cet épisode, elle me partage sa vision du pouvoir au féminin comme une capacité d’influencer et de changer le récit autour de nos compétences et de notre réussite. 



La directrice produit de Mastercard nous explique comment prendre la parole et changer les récits autour du leadership des femmes en entreprise.


Leadership des femmes : prendre la place qui nous revient


Si Barbara a accepté de participer au podcast, c’est pour porter un message qui lui tient à cœur, et qu’il faut répéter autant que possible pour qu’il devienne réalité. Elle porte notamment celui de l’égalité salariale, mais refuse de le considérer comme une cause. 


‘Je ne parle pas de cause. Pour moi, ce n'est pas une cause, c'est un signe, un élément de justice sociale. C'est déjà inscrit dans les constitutions, c'est un fait et quelque chose qui doit être là. Je ne suis pas une cause, je ne suis pas un panda à défendre. Les femmes représentent 52 % de la population, elles sont des sujets actifs de l'économie. C'est grâce au travail des femmes que le PNB d'une société s'agrandisse.”

Pour atteindre cet objectif, il faut surtout prendre la parole, échanger avec les autres. C’est le seul moyen de savoir ce qui fonctionne ou non, de s’améliorer. La clé est par exemple de travailler avec d’autres réseaux féminins, pour pousser ensemble dans la même direction : permettre aux femmes de prendre la place qui leur appartient. 



Faire preuve de résilience pour évoluer dans le monde de l’entreprise


Lorsque l’on regarde les parcours d’autres femmes (et d’hommes) sur les réseaux sociaux, on a souvent l’impression qu’il s’est fait de manière fluide, sans moment difficile. Mais derrière chaque trajectoire, même les plus ascendantes, il y a des hauts et des bas. Des difficultés que l’on peut traverser en faisant preuve de résilience, et en se concentrant sur un objectif plus grand. 


L’ambition est aussi ce qui nous permet de visualiser où nous voulons aller, ce qui nous permet d’avancer et de démontrer que l’on vaut plus que l’image que l’on peut avoir de nous.

“Il y a plusieurs années, j'ai dû changer de job et ils m'ont offert un salaire plus bas. Mais j'avais besoin d'aller dans cette direction. Pour moi, c'était un injuste et c’était dur, mais j’ai accepté parce que j’en avais besoin. J’ai montré que j’étais meilleure que ce que ces personnes pensaient de moi et après trois ans, j’ai quitté la société pour un bien meilleur salaire”. 

Former les femmes à la liberté financière


La liberté financière est un sujet que j’ai abordé à plusieurs reprises dans le podcast. Pour Barbara aussi, c’est une brique essentielle du pouvoir au féminin. Un impératif qui, comme beaucoup de femmes, lui a été transmis par sa mère. 

“Ma maman me répétait toujours qu'il faut être libre. Libre financièrement parce que quand tu as ton argent, tu peux faire les choix que tu veux. En fait, tu ne dois jamais dépendre de quelqu'un. Entre un homme et un salaire, ma mère m’a toujours dit de choisir un salaire”. 

Mais la relation des femmes à l’argent reste compliquée. C’est aussi la preuve que persistent des inégalités dans le couple, découlant directement des inégalités salariales. Cela se ressent en particulier à la retraite, où l’écart se creuse à 40 %. Gagner son indépendance financière n’est donc pas uniquement une question de richesse, mais de bien-être. Les femmes sont en effet plus touchées par le stress financier. 


Pour gagner cette liberté, la clé est de commencer à s'intéresser à son argent, d’établir une routine financière comme on le ferait d’une beauty routine.  On peut aussi se cultiver, s’auto-former à l’investissement, avec des livres comme “You are not broken, you are pre-rich” d’Emilie Bellet. 



Le pouvoir de se faire écouter 


Pour Barbara, le pouvoir se traduit par la capacité d'influencer les autres, de se faire écouter. Plus qu’une femme de pouvoir, elle se considère donc comme une femme d’influence. Mais pour y arriver, elle a dû apprendre à prendre la parole, un exercice qui peut se révéler compliqué pour beaucoup d’entre nous. C’est pourtant en prenant la parole que l’on peut contribuer à faire évoluer les représentations, et donc à faire changer les choses. 


Ce qui peut nous donner la force de le faire, c’est aussi malheureusement le constat que les choses n’avancent pas aussi vite qu’on le souhaiterait (et parfois même qu’elle recule). C’est aussi la volonté de mettre d’autres femmes en lumière, de leur donner l'opportunité de prouver leur valeur et leurs compétences. C’est en adoptant ce réflexe (comme Christine Lagarde qui a toujours une liste de femmes à citer sur elle), que l’on se départira du syndrome de la schtroumphette


“Je ne comprends pas les femmes qui, plutôt que de tendre la main vers les autres, restent toutes seules dans leur position. Pour moi, il y a rien de positif dans le fait de rentrer dans un endroit ou d'être invité à une table ronde et ne voir que des hommes. Au contraire, je me dis qu'est ce que je fais là ? “

S’engager contre le sexisme 


Au-delà de prendre la parole pour soi, il est aussi important de la prendre pour les nouvelles générations de femmes qui n’osent pas toujours s’imposer. Et en particulier face aux remarques sexistes qui persistent dans le monde du travail. Avec l’âge, on a souvent plus de confiance et d’assurance pour mettre le hola. Les évolutions dans les mentalités permettent aussi de créer un environnement plus sûr, dans lequel cette prise de parole est facilitée, ou en tout cas mieux reçue. 


Dans tous les cas, la prise de parole est essentielle. Ne pas s’engager, c’est déjà s’engager et la neutralité n’existe pas. 

“Je ne juge pas les femmes qui ne s’engagent pas, mais je ne les comprends pas. On ne peut pas être neutre sur un sujet. Moi je ne dis pas qu'il faut faire chaque combat, mais on a des opinions, un cerveau, donc le cerveau se forme un opinion. Donc si tu décides de ne pas t'engager, feel free, mais tu es déjà engagée sous une autre forme.”

Etre jugée pour ses actions, et non pas pour son statut de femme


Les derniers chiffres du Haut Conseil à l'égalité montrent encore que, chez les moins de 35 ans, la vision du pouvoir reste majoritairement masculine. Une erreur d’éducation, mais aussi de représentation. Car même lorsque les femmes arrivent à de hautes responsabilités, elles souffrent encore de la suspicion d’y être parvenues parce qu’elles sont des femmes, et non pas parce qu’elles sont compétentes. 

“En fait, on se pose jamais la question avec les hommes s'il est compétent ou pas, on pense qu'il est compétent. Je pense que le récit autour des femmes doit complètement changer. Nous, nous n'avons pas besoin de démontrer chaque fois avant d'être choisies, que nous sommes compétentes. Quand nous avons un cv qui brille, nous devons avoir les mêmes opportunités et donc être mise en lumière comme on met en lumière les hommes. Et après, une fois que nous avons fait des actions, on doit être jugé sous notre compétence,”

Cette nécessité de devoir toujours prouver sa valeur, sa légitimité à occuper un poste, est ce que l’on appelle la falaise de verre. Une réalité qui doit nous pousser à faire plus de sororité, car c’est en s’appuyant sur d’autres femmes que l’on arrivera à escalader cette falaise. 

“Et quand je vois les femmes se soutenir, préparer par exemple ensemble un meeting important pour soutenir sa propre collègue, ça, c'est de la sororité. La sororité ne s'est pas forcément trouver un travail à une autre personne. C’est l’aider lorsqu’elle en a le plus besoin, que ce soit l’aider à répéter nu pitch, l’appeler dans un moment de down, lui donner cette opportunité d’échanger.”

L’importance que les femmes soient libres


Pour terminer cet épisode, je demande comme toujours à Barbara quels sont les conseils qu’elle souhaite donner aux futures directrices et aux futurs directeurs. Au premier, elle souhaite d’être libres dans les choix qu’elles prennent. Et aux seconds, de comprendre l'importance d’avoir des femmes libres. L’égalité femmes hommes n’est en effet pas qu’une cause que portent les femmes parce qu’elle leur bénéficie en premier lieu. Lorsque les femmes gagnent, tout le monde gagne.


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